vendredi 13 mai 2011

un coin de voile...

Zut et rezut, je suis la victime d'une technologie aléatoire...
Hier après-midi, en rentrant du lycée, j'avais écrit un message très documenté et assez bien tourné, je crois, dans lequel je racontais en partie le pot offert pour la fin de la Résidence de Claire-Lise et qui clôturait une journée au cours de laquelle elle avait projeté, en boucle, quelques minutes de montage de ce qui sera son film. Je la comparais, très immodestement de ma part à Orson Welles et à François Truffaut, non pour des raisons cinéphiliques ou artistiques mais parce que le premier, pour finir un film – THE TRAGEDY OF OTHELLO : THE MOOR OF VENICE en 1952 – dût interrompre deux fois son tournage et jouer dans deux films dont les cachets furent réinjectés dans le sien ; le second, quant à lui, accepta de faire l'acteur pour Steven Spielberg – dans CLOSE ENCOUNTERS OF THE THIRD KIND en 1977 – mais sans pour autant arrêter de tourner ses films à lui, ce qui compliqua le tournage. Claire-Lise, en effet, nous avait expliqué qu'elle avait encore beaucoup de travail devant elle et que, pour financer la fin de son oeuvre, elle devrait sûrement aussi s'arrêter pour travailler et continuer encore.
Et puis aujourd'hui blogger était en carafe et mon texte avait disparu. Mais ce matin, il y avait un article consacré à Claire-Lise dans l'Yonne républicaine et dans le Libé, une photo sur deux pages consacrée à l'installation d'Anish Kapoor au Grand Palais, mais ce n'est pas de ça dont je voulais surtout vous parler.
Hier, avant de trinquer au CDI sans formalisme, j'ai pris le temps de voir une partie de ce montage provisoire, et j'en ai retenu une image qui semble tout d'abord fixe avant, lentement de s'animer en partie, rythmée par le débit de Claire-Lise lisant, en voix-off, un texte. A l'écran, des élèves marchant au ralenti. Au ralenti !
Seul le cinéma, seul l'art peut se permettre ainsi de ralentir des individus sans que cela ne se résume à une posture adolescente. Et ce passage imprévu de l'immobilisme au mouvement m'a rappelé cette séquence merveilleuse de LA JETÉE de Chris Marker dans laquelle, justement, le mouvement fait irruption, bouleversant le héros et le spectateur qui, jusque-là, vivaient une narration se déroulant image par image.
En nous donnant à voir, ainsi, un bref aperçu d'un regard tout autre sur le lycée et les êtres qui le traversent, Claire-Lise a soulevé un coin de voile...


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